Scénario et réalisation : Anocha Suwichakorpong
Image : Ming Kai Leung
Son : Chawakorn Thongkua
Montage : Lee Chatametikool
Musique : Wuttipong Leetrakul
En juin 2014, la Thaïlande a été le théâtre d’un nouveau coup d’État. C’est le quatrième coup d’État de mon vivant. Le premier a eu lieu l’année de ma naissance, en 1976. Puis il y en a eu un autre quand j’avais quinze ans. Et encore un autre l’année de mes trente ans. Si l’on doit se fier aux statistiques, le prochain coup d’État aurait du se produire pour mes quarante-cinq ans. Mais nous savons tous qu’il vaut mieux ne pas faire confiance aux statistiques – au moins en Thaïlande. Et donc nous y voilà encore. Cette fois-ci, il est seulement arrivé plus tôt, et plus durement. Un vrai coup d’État. Le gouvernement militaire a commencé la répression de tous les mouvements et activités d’opposition au coup d’État. Universitaires, intellectuels et activistes ont été convoqués et même détenus dans les casernes militaires. Même le simple fait de lire 1984 d’Orwell ou de montrer en public le signe à trois doigts tiré du film hollywoodien Hunger Games peut vous faire arrêter. Une fois de plus, la Thaïlande est entrée dans une ère très sombre. J’écris alors que les informations du jour viennent d’annoncer que l’Union Européenne imposerait à partir de maintenant des sanctions à la Thaïlande, afin que mon pays restaure la démocratie. Et pourtant, en Thaïlande, il y a toujours des gens qui fêtent la victoire de l’armée. Jusqu’à ce que cela finisse. Comment ? je me le demande. Le cinéma ne peut pas nous sauver. Il peut guérir quelques âmes, mais pas toutes. Ce n’est pas un miroir. Ce n’est pas une arme. Ce n’est pas un outil d’éducation. Mais c’est un ami. Et en tant qu’ami, il est toujours de notre côté. Même dans les moments où on se retrouve de l’autre côté de l’histoire, il reste avec nous.
Anocha Suwichakornpong, Bangkok, 27 juin 2014.
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